Pourquoi je suis naturopathe
Près de 2 mois que je n’ai rien écrit. « Il faut (plus) communiquer ». Cette phrase, on me l’a dit je ne sais combien de fois depuis mon premier jour dans la vie active il y a bientôt 17 ans. En politique, dans la restauration, dans mon activité de naturo et de gestion de gîtes. J’avoue, plus ça avance, plus ça me gonfle. Communiquer pour qui, quoi, dans quel sens? Je partage des informations ici régulièrement sur mon activité, uniquement quand j’en ai envie et parce que j’en ai envie à ce moment-là. Je ne veux pas gaver mes lecteurs parce qu’ils sont déjà assez sollicités sur les réseaux sociaux et par nos moyens de communication dits « modernes ».
Je suis devenue naturopathe car quelque chose de profond en moi m’a donnée envie d’aider les gens, en particulier les femmes, à prendre soin de leur corps. Quand je parle de corps, ce n’est pas que le physique, c’est aussi les autres couches subtiles. Ce refrain qui m’accompagne depuis l’adolescence est celui de vouloir contribuer à un monde meilleur. Ça passe aussi par prendre soin de soin de soi, de son corps, de son temple sacré. C’est d’autant plus essentiel quand on souhaite enfanter. On transmet de notre ADN, de notre santé, de notre énergie. Un enfant heureux et en bonne santé, c’est une mère heureuse et en bonne santé (et un père heureux et en bonne santé). Un enfant heureux et en bonne santé tient entre ses mains notre avenir commun.
Pourquoi le silence?
Pourquoi je ne dis plus rien depuis 2 mois?
Parce je suis passée par un cap extrêmement difficile en tant que femme. Je ne pouvais contribuer à prendre soin des autres alors que moi-même, j’avais besoin d’une béquille pour remonter la pente.
A la mi novembre, j’ai eu la bonne surprise d’apprendre que j’attendais un 3ème enfant. Nous n’en avions pas le projet avec mon mari. Mais ça reste toujours une bonne nouvelle que de savoir qu’on va donner la vie.
Je me suis rendue avec mon mari chez ma gynécologue à Strasbourg, une proche qui me suit depuis une dizaine d’années et qui m’avait accompagné lors de mes 2 premières grossesses.
Elle était d’ailleurs présente en salle de réveil, après la césarienne d’urgence que j’ai eu pour mon premier, pour m’accompagner dans « la prise au sein ».
Je venais avec une bonne nouvelle et suis ressortie hébétée.
L’embryon qui avait une bonne croissance était positionné à un très mauvais endroit, près de ma cicatrice de césarienne.
Situation rare. Une première pour elle qui a une trentaine d’années d’expérience. Elle m’a aussitôt envoyée aux urgences du CMCO de Schiltigheim pour avis.
Très professionnels, ils ont confirmé ses craintes. Si j’attendais encore un peu, je risquais non seulement la vie de mon enfant mais également mon utérus et ma propre vie. Il fallait y mettre un terme. Nous sommes rentrés assommés et effondrés par la nouvelle rapidement.
Première injection de méthotrexate 2 jours après le 28 novembre. Échec. Programmation d’une deuxième 10 jours après sur la zone de la cicatrice, sous rachi anesthésie. Je ne souhaitais pas une générale pour être lucide à ce moment et l’accompagner. Le cœur avait cessé de battre au moment de l’intervention.
Vous imaginez donc bien qu’il a été pour moi difficile de gérer cette période tant physiquement que moralement et que je n’avais pas la tête à autre chose. Il fallait faire avec les quelques effets secondaires et avec la tristesse de la situation.
Quelques semaines avant ça, je discutais encore de l’IVG avec une voisine en nous rendant à notre cours de Qi Gong vue l’actualité américaine du moment. J’ai toujours été une pro IVG mais je lui disais que, pour moi-même, je ne pouvais pas l’envisager. Là, j’ai du accepter et me résoudre à « éteindre la lumière » pour mon bien, pour ma famille avec mes deux petits en bas âge.
Je commençais tout doucement à remonter la pente quand est arrivé le 23 décembre.
J’avais un rendez-vous dans un snack connu du centre de Strasbourg en fin de matinée avant mon rendez-vous de contrôle au CMCO. Mon mari ne m’avait pas accompagnée cette fois-ci contrairement aux fois précédentes. Nous avions 3 sorties/entrées de location ce jour-là qu’il devait gérer seul.
Je saignais depuis quelques jours. Situation classique après ces interventions. Mon rendez-vous était parti et j’allais en faire de même quand je me suis rendue compte de l’état de la chaise.
Je saignais beaucoup trop pour que ça soit normal.
Avec le tram, je suis arrivée plus tôt que prévu au CMCO. Une fois que le personnel médical avait pris conscience de la situation, ce fut le branle-bas de combat au service de gynécologie. Il fallait me préparer pour un transfert en urgence à Hautepierre. On allait m’emboliser les vaisseaux qui continuaient à alimenter la poche de l’embryon afin de diminuer les saignements. Ca se faisait sous anesthésie.
Je plannais littéralement pendant l’intervention. J’avais perdu beaucoup de sang et étais à 2 doigts d’être transfusée si les saignements continuaient d’être abondants. J’ai été gardé en observation jusqu’au 25 décembre. On m’avait aussi fait comprendre que si l’hémorragie ne stoppait pas, il aurait fallu m’opérer et m’enlever l’utérus. Heureusement, ce ne fut pas le cas.
La force de la sororité
Depuis, j’ai repris des forces de semaine en semaine.
Depuis 2 semaines, je n’ai plus la poche de l’embryon. Depuis 10 jours, je n’ai plus d’hormones de grossesse. J’ai repris au fur et à mesure mes activités. Depuis hier, je sais que mon taux d’hémoglobine est presque revenu à la normal.
Le moral remonte même s’il y a parfois des instants un peu plus difficile.
Il y a eu des clins d’oeil du destin (ou d’ailleurs) comme le coeur en photo qui s’est formé un matin sur ma voiture alors que j’allais déposer les garçons au bus de ramassage scolaire. Il y a ce vieux copain, également père de 2 garçons qui m’a appris l’autre jour être devenu papa d’une petite fille le jour même où je recevais la première injection. Petite fille qui reçut le prénom qu’on aurait voulu donner à notre enfant, étant profondément convaincu qu’il aurait été une fille.
Si j’ai pu remonter la pente, c’est grâce à l’accompagnement que j’ai eu. Ma famille, en premier lieu mon mari, mes amis dont les parrains/marraines des garçons, le personnel du CMCO/Hautepierre, etc.
Si je rédige ce post aujourd’hui, c’est parce que je veux surtout souligner que tout au long de ce processus, j’ai reçu l’aide de femmes.
J’ai l’habitude de parler de fraternité en parlant des liens qui devraient exister entre les êtres humains, homme ou femme. Mais dans le cas présent, j’aimerai souligner le terme de « sororité » et encore, je ne pense pas que ce mot suffise à exprimer ce que j’ai reçu de la part des femmes qui m’ont entouré (visibles et invisibles?).
J’ai reçu quelque chose de très fort. Les femmes en ont en elle une force qui vient du plus profond des âges, un lien intime qui vient de loin.
Il y a eu ma gynécologue comme je l’ai dit. Il y a eu la présence de mes amies.
Il y a ma copine, une professionnelle de la santé qui avait vécue elle-même une fausse couche à son cabinet tout en devant accueillir ses patients au fur et à mesure. Elle a eu les mots justes et forts pour me faire sentir que je n’étais pas seule avec ma détresse. Elle fut là par message quand j’attendai ma prise en charge au CMCO le jour de l’hémorragie. Les mots ne suffisent pas pour exprimer la profonde gratitude que j’ai à son égard. Nous avions déjà des profondes affinités. Cette épreuve nous rapproche encore plus.
Mes fidèles amies, mon premier cercle.
Il y a cette consultante pour qui j’ai une affection particulière. Elle me fait confiance depuis mes débuts. Elle devait affronter aussi une expérience similaire à la mienne en même temps. Tout aussi terrible. Nous nous sommes soutenues mutuellement.
Il y a les « voisines copines » de mon village. Celles avec qui je vais au Qi Gong et sur qui je pouvais compter parce qu’on allait rentrer plus tard que d’habitude parce qu’on était à Strasbourg pour les consultations et qu’il fallait récupérer les garçons et s’occuper d’eux pendant l’attente. Ma prof de Qi Gong elle-même qui veillait aussi avec ses affectueux messages. Celles qui étaient attentives à mon égard à l’arrêt de bus chaque matin et chaque soir pour s’assurer que j’aille mieux.
Il y a les employées du laboratoire B2A de Phalsbourg qui étaient attentives et faisaient attention à moi à chaque prise de sang en particulier celle qui, juste après la première intervention, a insisté pour me montrer comment me servir un mocaccino sur la machine. Elles ont toujours un gentil mot.
Cette spécialiste de l’échographie qui m’ soutenue du regard quand j’ai regardé l’échographie et la distance entre l’embryon et la cicatrice lorsque je m’étais rendue aux urgences du CMCO. Celle qui a essuyé mes larmes sur le bloc opératoire pendant je respirai en conscience lors de la deuxième intervention. La patiente avec qui on se regardait et se souriait en salle de réveil que j’avais l’impression de connaitre. Cette infirmière de là-bas qui avait était descendue exprès en cuisine pour me rapporter un chocolat chaud après ma deuxième injection car elle savait que ça allait me réconforter.
Ma tante qui était là pour les fêtes, me serrant dans ses bras avant que je ne parte le 23 au matin en me disant que ça irait et qu’ils allaient gérer avec les enfants alors qu’en réalité, c’était parti pour 3 jours.
Cette cheffe de service qui a laissé tomber tous ce qu’elle avait à faire cet après-midi là pour me soutenir pendant que l’interne et les autres me préparaient au transfert. Sa douceur pour me faire comprendre que ma famille ne pourrait pas compter sur moi le lendemain, 24 décembre.
L’infirmière en salle de réveil à Hautepierre qui venait me voir régulièrement et discuter pour me faire patienter.
Ma maître reiki qui m’a initiée à cet art et qui m’a envoyé à distance de l’énergie début janvier pour me soutenir. Énergie que j’ai d’ailleurs ressentie aussitôt sans qu’elle m’ait dit quand elle allait le faire.
La cheffe de service du CMCO m’avait dit que c’était un miracle de voir la poche disparue et qu’il n’y aurait donc pas de curetage à prévoir par la suite, alors que c’était mal partie une semaine avant. Astrid m’avait envoyé du Reiki la veille…
Toutes ses femmes et sans doute d’autres, plus invisibles, me transmettaient de cette force qui m’ont aidé à remonter la pente. Ma gratitude est infinie à leur égard.
J’ai été longue mais je veux m’adresser maintenant à vous celles qui traversez ce type de moment actuellement, pour reprendre une humoriste que j’aime beaucoup: « vous n’êtes pas seules ».